Die Uhr

2012

En 1995, pour venir s’installer en Normandie, mes parents ont vendu leur ferme en Allemagne. Les bâtiments, les champs, le troupeau ont trouvé rapidement acquéreur. Seule une parcelle d’un hectare et demi de la forêt de Nassenwang, près de Landsberg, acquise par mes arrière grands-parents en avril 1939, et qui n’a intéressé personne, est restée propriété familiale. Dans le convoi des machines agricoles et de quelques meubles, un vieux piano, sur lequel ont joué ma grand-mère, puis ma mère, a suivi le déménagement...

B. P.

piano

Un vieux piano droit, éclairé par la vidéoprojection de branches de sapins, et dont le cylindre est abaissé, dispense, par intermittence, les notes éparses d’une mélodie.
Les cordes ne sont pas frappées, mais frottées.

Une partie du piano est « ouverte » par une fenêtre vitrée. Celle-ci permet d’observer les modifications apportées à l'instrument : quarante moteurs équipés de balais ont remplacé les marteaux.

Sur son pupitre, la partition de Die Uhr de Carl Loewe côtoie l’acte de vente d’une parcelle de la forêt de Nassenwang, en Allemagne, daté de 1939. Le sceau de l’administration du IIIème Reich est lisible sur le papier jauni.

Dans sa partie basse, un petit écran affiche les informations météo de la région de Landsberg, l'ensoleillement et la vitesse du vent auxquels sont soumis le rythme et l’intensité des sons.

Des capteurs ont été installés aux abords de la forêt bavaroise.

La force imprévisible du vent, premier moteur de l’installation, est transmise au piano en temps réel.

En l’absence totale de vent, des notes, des accords, sont néanmoins murmurés. En cas de tempête une mélodie torturée se fait entendre.

Die Uhr invite à une réflexion sur le temps et la distance, et sur la mémoire, historique ou familiale, qui en induit toutes les relativités.

Die Uhr laisse sans doute transparaître l’influence de John Cage, qui travaillait les atmosphères, développait les silences, et accueillait l’accidentel. Les "pianos préparés" introduisaient dans l’instrument des éléments hétérogènes ; pour Die Uhr, un piano a été transformé pour qu’il soit joué par un sapin.



ososphere2012
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capteurs
capteurs
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Ingénieur, constructeur : Alain Le Béon
Ingénieur, programmeur, musicien : Antoine Rousseau
Musicien : Jean-Matthieu Poitevin

D’après Die Uhr (Op.123 #3) de Karl Loewe
Remerciements : Aude Delale, Erika Weißhaar-Fried et Werner Fried, Anne Goniaux, David Guiffard, Isolde Jousma, André Lanceraux, Jean-Pierre Mast, Xaver Pfänder, Nicolas Schelté, Bianca et Robert Schuster

Ce projet a bénéficié du soutien de la DRAC de Basse-Normandie et de la SCAM.



Expositions :

L'Ososphère, du 7 au 16 décembre 2012, à La COOP, rue de la Coopérative, Strasbourg

Pleins feux, 27, 28, 29 septembre 2013, chez Geneviève Breerette, Ivry-sur-Seine

Nuit blanche, 5 octobre 2013, chez Geneviève Breerette, Ivry-sur-Seine

 


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